IV - Le Sevrage

4 -     Le sevrage


Le sevrage correspond à un arrêt (progressif ou immédiat) de la consommation d'une substance toxique dont le sujet est dépendant. Quelle que soit cette substance (alcool, tabac), le sevrage ne peut être programmé qu'en accord avec la personne concernée, en choisissant la ou les méthodes les plus adaptées à son cas. Il se pratique dans des centres de cure, hospitaliers ou non. Cela survient lors de prises substantielles durant une période plus ou moins longue, et dont les doses ingérées dépendent.
Voici comment se passe le sevrage de différentes drogues et les moyens mis en place pour aider le toxicomane dans sa lutte contre l’addiction :
·     Le Tabac :
Pour arrêter de consommer du tabac, il existe de très nombreux substituant nicotiniques. Par exemple, les patchs, les comprimés à la nicotine, les inhalateurs, la cigarette électronique ou encore le chewing-gum nicotinique sont en vente aujourd’hui.
Ces substituts contiennent une dose de nicotine, qui varie selon les étapes du sevrage, et qui permet au fumeur de contrôler et diminuer voir d’arrêter sa consommation de tabac.
L’efficacité et la non toxicité de la totalité de ces substituts n’est pas prouvées aujourd’hui.
De plus, il existe également un médicament, nommé BupropionZyban L.P, qui permet à la dopamine libérée naturellement de rester plus longtemps dans les synapses et de compenser le manque ressenti par le fumeur.
Un autre médicament, Le Champix, concentre les effets du Bupropion mais possède en plus un effet de blocage sur les récepteurs nicotiniques. Ce blocage des récepteurs permet au fumeur de ne plus ressentir de plaisir lorsqu’il fume et ainsi de faciliter le sevrage tabagique.
Les symptômes de ce sevrage sont : l’étourdissement  (pendant 1 à 2 jours), la fatigue (2 à 4 semaines), l’insomnie (jusqu'à 3 semaines), la toux (3 à 4 semaines), la constipation (3 à 4 semaines également), la faim et le goût pour des aliments sucrés (pendant quelques semaines), une irritabilité (variable), ….

·     L’héroïne / morphine :
Lors du sevrage à l’héroïne, la méthadone est l'un des substituant les plus prescrits par les médecins afin d'atténuer les souffrances du toxicomane. La molécule de la méthadone imite celle de l’héroïne et de la dopamine. Elle se fixe sur les mêmes récepteurs que ces deux dernières et permet à l’héroïnomane de diminuer les sensations de manque lorsqu’il va progressivement réduire ses doses d’héroïne.


Figure 12 – Comparaison des molécules de morphine&héroïne et de celle de la méthadone

Lors du sevrage, de nombreux symptômes peuvent apparaître  euphorie, vertiges, somnolence, nausées, maux de têtes, problèmes digestifs, démangeaison, …
De plus, indépendamment de ces signes de manques, la consommation de méthadone produit très fréquemment des états de sueurs.
Imitant un neurotransmetteur, la méthadone provoque également une dépendance.  Par conséquent, un arrêt brutal de consommation de méthadone provoque chez le toxicomane un syndrome de sevrage. Il comprend un ensemble de signes physiques (qui révèlent l'état de dépendance) dont les plus courants sont la mydriase (dilatation du diamètre de la pupille suite à la prise de substance psychoactives), sensation de chaud-froid, frissons, insomnies, angoisse, nausées, larmoiements, …
De plus, le syndrome de manque déclenché par l'arrêt de la méthadone est plus intense et dure plus longtemps que celui déclenché par l'héroïne, cependant, il met plus de temps à apparaitre et est plus lent à s'instaurer. Nous pouvons donc considérer que le traitement de substitution à la méthadone représente une transition efficace entre le fait de continuer sa consommation d'héroïne et le fait de subir un sevrage brutal.
En effet, il permet au drogué de se défaire progressivement de l’héroïne en limitant les souffrances qui lui sont imposées jusqu'à une indépendance complète vis-à-vis de la drogue.

·     Cannabis :
Il n’existe pas aujourd’hui de traitements aidant à l’arrêt de la consommation ou soignant l'addiction au cannabis.
Le traitement passe donc avant tout par les moyens non médicamenteux, comme la psychothérapie ou le soutien (de proches ou  de professionnels).
Le sevrage au cannabis présente 2 grandes catégories de symptômes :
o   Des signes de ralentissements: fatigue, envie de dormir, mollesse psychique et physique…
o   Des signes anxio-dépressifs: dépression, sueurs, palpitations, anxiété, douleurs musculaires, agitation, tremblements, insomnie…

·     La cocaïne, amphétamines et ecstasy :
Dans le cas de ces drogues, la dépendance est surtout psychique. 
Aujourd’hui il n’existe pas de substituant efficaces à ces drogues.Des recherches sont en cours depuis plus de 10 ans sur la cocaïne et les amphétamines mais aucune molécule efficace n’a encore été identifiée pour le moment. Concernant l’ecstasy, la question du substituant vient seulement d’être posée.
Le sevrage se fait uniquement grâce au mental du drogué, aucun traitement médicamenteux ne peut être apporté au patient.
Le sevrage se fait en plusieurs étapes :
·        La première phase dure quelques jours pendant lesquels la personne est irritable, anxieuse et insomniaque.
·        Suit la phase de sevrage principale, de quelques semaines, correspondant à une dépression et une baisse d’énergie globale de l’individu. Les chances de rechutes sont très grandes.
·        Enfin, la dernière phase est de durée indéfinie, elle est nommée phase d’extinction. Au cours de cette phase, la recherche de produit devient plus irrégulière jusqu’à disparaître à terme.

·     L’alcool :
Les symptômes du sevrage des alcooliques se manifestent à peu près 24h après : crises d’épilepsie et de delirium tremens, caractérisé par des tremblements des membres, accompagnés d'un état fiévreux, d'hallucinations, de pertes de conscience. Cela peut être mortel et doit être traité.
Le sevrage est donc facilité par certains médicaments comme les Benzodiazépines, les Bétabloquants, anti-convulsivants et neuroleptiques. Ils ont des propriétés sédatives (tranquillisantes), myorelaxantes (qui détend les muscles) et anticonvulsivantes (contre les crises d’épilepsies). Ils diminuent les signes de manque et les complications à court terme.
Cependant ils n’ont pas encore montré d’efficacité sur le maintien de l’abstinence ou sur la diminution des consommations d’alcool sur le long terme.



Synthèse des méthodes de sevrage :
Le tableau suivant présente une synthèse des méthodes de sevrage

Opiacés (héroïne/morphine)
Cocaïne
MDMA
(ecstasy)
Cannabis
Alcool
Tabac
Substituant méthadone (imite la molécule d’héroïne et dopamine)
Pas de substituant ni médicament (Recherches en cours)
Importance du mental
Pas de substituant ni médicament
Importance du mental
Pas de substituant ni médicament
Importance du mental
Médicaments indispensable
Sevrage dangereux
Substituants nicotinique
Médicaments agissant sur la dopamine et les récepteurs nicotiniques


Figure 13 : Tableau de synthèse des méthodes de sevrage